Les mésaventures d'un planeuriste....

L’histoire qui suit s’est passée début mai 2002 en Brabant Wallon.

Jules vient de passer 3 mois dans son atelier pour la mise au point d’un majestueux planeur de 6 m d’envergure (et 12 kilos).Un » ready to fly » tout fibre d’un artisan allemand renommé. L’ensemble radio (14 servos, récepteur double fréquence, accus et accus de secour, altimètre) est monté avec un soin tout particulier. C’est qu’on ne rigole pas avec un joujou à plus de 1500 euros !!
Arrivé au terrain pour le baptême, le remorqueur est paré, on vérifie minutieusement les moindres débatements de la « bête », test de portée, test de larguage de cable, etc… .
Jusque là, me direz-vous, on a à faire à un modéliste conscientieux et sérieux ….trop pensez-vous ?
Les conditions sont très bonnes si ce n’est un vent légèrement de travers mais un pilote confirmé comme Jules ne s’en inquiète pas outre mesure.
Les deux pilotes se mettent côte à côte, les assistants tiennent les oiseaux, on tend le cable et c’est parti.
Un décollage tout en douceur, une montée franche et un larguage à 400 m sans problème.
Le planeur se révèle être un super grateur et tient bien alors que les conditions ne sont pas top…bref, c’est un régal pour le pilote et les spectateurs en redemandent. L’un d’entre nous demande à Jules de réaliser un looping. Avant de s’exécuter, Jules préfère ramener le planeur à la verticale de la piste et le positionner dans l’axe de celle-ci (un vrai conscientieux, je vous disais). Une fois en position, il passe en programation « acro » (flaps rentrés,…) et pousse légèrement la profondeur pour prendre du badin, puis entame sa boucle doucement et largement et soudain….CRAC !! l’aile droite vient de casser à plus ou moins un tier en partant du saumon, c’est la consternation. Le planeur qui était encore à une bonne centaine de mètre commence alors à s’enfoncer à droite et entame une vrille inexorable jusqu’au sol,…un bruit sourd et des morceaux qui volent dans tout les sens. Le fuselage est littéralement désintégré. Le spectacle est vraiment désolant. Les spectateurs osent un regard vers le pilote qui ne réalise pas encore tout à fait… »heureusement », dit-il, « personne n’est blessé » !
Rentré chez lui, Jules a analysé l’aile droite et,…consternation, son longeron n’était pas renforcé à la fibre de verre comme le longeron gauche !!! Un oubli de l’artisan !!

Le plus effrayant dans l’histoire c’est qu’au moment où l’on avait demandé à Jules d’entamer son looping, il était dans l’axe………des spectateurs !!!

Les meilleurs pilotes sont aussi ceux qui prévoient l’impensable.