Super Sportster EP: qualité tout bois à prix styro.

En 30 ans, le Super Sportster a formé des milliers de pilotes à la voltige de base. Ses qualités de vol ne sont plus à vanter. C'est un de ces avions tellement aboutis qu'ils en deviennent un classique, une référence, voire même une légende. Aujourd'hui, Great Planes agrandit la famille en proposant une version électrique de son best seller. La tâche n'était pas si évidente car il fallait que l'engin rivalise avec ses aînés gavés de nitrométhane. D'autres constructeurs auraient choisi la facilité en adoptant d'emblée un moteur LRK et un accu LiPo… Great Planes a fait mieux! Pour une centaine d'euros, il nous propose un modèle haut de gamme, absolument complet et muni de son ensemble de propulsion.

Caractéristiques:
Avion électrique d'entraînement et d'initiation à la voltige ARF.
Envergure / longueur: 122cm / 90cm
Poids annoncé / obtenu: 1.475gr / 1.480gr (avec accu de 420gr)
Surface alaire: 24,7 dm2
Moteur: type 550 spécial réducté 1:2
Variateur: 40A avec BEC.

L'avion est livré avec absolument tout ce qui est nécessaire à le faire voler à part la radio et le variateur. Le moteur est installé, l'hélice est livrée, et même un accu NiCd 7 éléments de 2.100mah! L'adaptateur d'hélice est de type 'fendu' au diamètre des hélices APC mais l'arbre du réducteur est muni d'un plat permettant de fixer facilement un porte-hélice classique, avec vis de pression. L'entoilage en véritable Oracover est posé avec une parfaite maîtrise. Notez les gaines de commande fixées à intervalles réguliers pour éviter le flambage. Les chapes sont en plastique, mais sécurisées par des anneaux de silicone, ce qui est adéquat pour un modèle de cette taille. Les petites roues en mousse très légères ne pourront être utilisées que sur un terrain très plat. Comme d'habitude, les magnifiques carénages de train en fibre sont inutilisables sur piste en herbe. La planche de décoration est grandiose et propose même un tableau de bord, malheureusement peu visible sous la verrière très sombre. Finalement ce n'est pas plus mal car il n'y a pas de pilote…
Seul accessoire à remplacer: les fiches de type 'Tamya'. Great Planes recommande d'ailleurs lui-même un autre type de connecteurs, plus costauds… J'ai soudé directement les câbles du variateur sur ceux du moteur, c'est toujours ça de gagné.
Mon modèle se contente de mini servos GWS bons marchés pour toutes les commandes sauf les ailerons qui ont droit à un Hitec à peine plus costaud. Le récepteur est un pico 5/6 de Multiplex.

Montage
La notice est exclusivement en anglais, mais toutes les mesures impériales sont doublées au système métrique (ouf!). Les nombreuses photos parlent d'elles-mêmes et le montage ne pose aucun problème. La précision des pièces découpées au laser est diabolique et tout s'emboîte parfaitement.
Attention en collant les ailerons à laisser une petite fente sinon l'unique servo force sur les barres de torsion. Heureusement, il ne faut pas beaucoup de débattement pour incliner l'avion. Finalement, l'étape la plus longue est la pose du superbe décor.

Réglages
Les calages des plans et du moteur sont le fruit de nombreux essais en vol. Les débattements recommandés conviennent parfaitement. Le centrage à 7cm du bord d'attaque est correct pour le premier vol et pourra être fort reculé par la suite.

Modifications
L'excellent accu 7 éléments livré avec l'avion ne permet pas d'exploiter tout le potentiel de la cellule. Il vole bien, mais manque d'autorité en voltige. Un accu 8 ou même 9 éléments NiMh est donc préférable, associé à une hélice 12x7 ou 11x7 en lieu et place de la 12x10 d'origine. J'ai pour ma part utilisé un accu LiIon de type 'Konion' 3S3P de 3.300mah et un 8 éléments NiMh de 3.000mah. Ceux-ci sont plus volumineux (plus longs) que le pack d'origine. Il a donc fallu déplacer les servos le plus possible en arrière et surélever le support d'accu pour que ce dernier passe au-dessus du servo d'ailerons. La modification est simple et permet en outre de limiter le plomb nécessaire dans la queue (!). Malgré tout, j'ai dû coller un bloc de 15gr à la dérive pour obtenir le centrage pourtant très avant de la notice…
L'adoption d'un moteur plus léger et plus puissant est facile, mais ce n'est pas nécessaire.

Essais en vol

Les essais ont été réalisés avec un pack 3S3P 'Konion' 3300mah de 420gr et une hélice en bois 11x7.
Mine de rien le moteur à balais pompe quand même jusqu'à 30A sans broncher!

L'herbe du terrain est bien haute en ce beau mercredi de printemps. Le taxi se fait profondeur tirée à fond pour ne pas passer sur le nez. Avec les petites roues d'origine et les pantalons de train, l'exercice serait impossible…
Le Super Sportster EP se dirige facilement et la roulette couplée à la direction remplit son office, à condition de garder la profondeur à cabrer. Le centrage d'origine fort avant ne facilite pas les choses. Si ça souffle, impossible de taxier vent arrière.

Décollage
Mise des gaz progressive toujours avec la profondeur à cabrer, un soupçon de pied à droite et il accélère bien dans l'axe. Je rends la main pour éviter de l'arracher du sol. Encore quelques mètres sur le train principal et le voilà qui monte tout seul. Un seul cran de trim à piquer le met sur une pente idéale, les ailes parfaitement horizontales sans correction. La facilité du décollage est déconcertante pour un premier vol. Visiblement, les réglages et la construction sont irréprochables. Impressionnant!

Vol normal
Le pilotage trois axes n'est pas nécessaire, mais la beauté des évolutions y gagne. Pour ceux qui ne s'y retrouvent pas encore, 30% de mixage dérive-ailerons ('combi-switch') font des merveilles.
Attention, ce n'est pas un petit-gros et il ne faut pas trop s'éloigner. Curieusement, même si la déco est bien visible au sol, il est difficile de le visualiser de loin. Soyez donc vigilant.
Par rapport à ses grands frères, le petit Sportster a tendance à frétiller de la queue. Sans que cela ne perturbe le vol, l'esthétique s'en ressent. Ce 'marsouinage' est surtout visible lors des passages en ligne droite, plein pot.

Vol lent
Je réduis les watts pour le test de décrochage mais à ma grande surprise l'avion continue à voler tout à fait normalement. A mi-watts, il tourne toujours au-dessus du terrain sans vouloir descendre. Ce n'est qu'en coupant pratiquement le robinet d'électrons qu'il prend une attitude 'nez haut'. Aux débattements 'normaux' du constructeur, la profondeur est en butée et il faut encore quelques secondes pour que l'avion arrête de monter. Au centrage prévu, le décrochage n'est pas franc, l'avion s'enfonce d'abord nez haut mais toujours avec un peu de vitesse horizontale. Si j'insiste, il bascule mollement en s'inclinant sur la gauche. Je garde le manche à fond et après un petit palier l'avion recommence sans accentuer le mouvement et sans partir en vrille. Le centrage initial de Great Planes est vraiment très sage.
Les passages lents à basse altitude sont très convaincants. L'avion perd pas mal d'altitude en virage, il faut donc le soutenir franchement à la profondeur.

Voltige
Toutes les figures classiques passent mais il vaut mieux piloter les trois axes, ce qui est formateur. Seules les figures verticales montrent les limites de la propulsion. Ce n'est pas un 3D… Les ailerons sont assez incisifs malgré leur taille ridicule par rapport aux standards actuels. Même aux petits débattement, le taux de roulis est suffisant. L'avion excelle aux tonneaux lents, un peu barriqués si on oublie la dérive, mais toujours très beaux. La correction à la profondeur en phase dos est modérée, juste assez pour être confortable. La boucle peut être grande, mais désaxe si l'avion n'a pas été équilibré latéralement (comme Great Planes l'annonce dans le manuel). Question solidité, pas de soucis à se faire: vous ne le casserez pas en vol! Ce petit avion est particulièrement à l'aise près du sol, aidé en cela par la fiabilité de la propulsion électrique. De longs passages en vol dos peuvent être envisagés sans crainte de caler…

Atterrissage
Le retour au sol est d'une facilité déconcertante. Il est possible de poser 'trois points' à vitesse très réduite en le tenant longtemps à la profondeur mais si on laisse faire l'avion ou si on 'oublie' d'arrondir, il prend lui-même une trajectoire qui l'amène à un atterrissage de piste (sur le train principal). Cette approche est normalement difficile à réaliser mais ne pose ici aucun problème.
L'avion n'a aucune tendance au rebond mais au centrage préconisé pour le premier vol, il peut passer sur le nez en fin de roulage, surtout si l'herbe est haute.
Si malgré tout vous posez un peu dur, le train pliera mais il est facile de le remettre en forme sans rien démonter, preuve de la solidité de la structure.

Autonomie
Après le premier vol de 5 minutes, dont un peu d'accro, je réaligne l'avion pour voir si le décollage est aussi facile sans le 'boost' d'un accu plein. Il repart sans rechigner. Je suis totalement en confiance et me permets de voler fort bas et très près: l'appareil photo digital de ma fille n'a pas de zoom…
Encore un tour et le Super Sportster EP rejoint sans encombres la caisse de terrain: j'ai près de 8 minutes en vol sur cette batterie. Quand le chargeur signale que l'accu est à nouveau plein, l'écran indique 1500mah. Avec un pack 3300mah il est donc possible de voler plus d'un quart d'heure.

Crash
Après un mois d'opérations, l'avion a été cassé en trois sur panne radio.
La bonne nouvelle est que la réparation de la structure en bois est très facile. Un renfort du bâti-moteur est cependant souhaitable. C'est simple à réaliser avec des équerres supplémentaires en contreplaqué. Attention, vérifiez le réducteur après un crash. Le pignon du mien avait reculé et ne portait plus que sur deux millimètres, ce qui a fini par arracher les dents de la roue en plastique. Ce n'est pas un gros problème car toutes les pièces du réducteur sont disponibles séparément à un prix très raisonnable, comme le reste de l'avion d'ailleurs: ailes, fuselage, hélice, capot, etc.

Bilan
Comme troisième avion, après un trainer à ailerons, le Super Sportster EP fait merveille. Il n'a pas les trajectoires rigoureuses d'un multi '2x2', ni l'agilité verticale d'un 3D, mais régale son propriétaire d'une belle voltige coulée, pilotée, sans heurts.
Dès le premier vol, j'avais l'impression de connaître l'avion depuis des années. Tant pour la qualité des matériaux que celle de la finition et des prestations en vol, Great Planes est parvenu à proposer pour un prix imbattable un 'classique' qui s'inscrit parfaitement dans la lignée de ses grands frères thermiques: bravo!
La Video sur :
http://video1.hobbico.com/gallery/gpma1160-deluxe.mpg