Modelma 2005, vitrine de (l'aéro-)modélisme

Modelma 2005 ferme ses portes sur un succès retentissant. Belle
organisation, démonstrations de qualité et stands animés ont régalé un public nombreux. L'association du modélisme avec le salon des arts créatifs (Créativa) est une excellente idée. Non seulement les épouses des modélistes y trouvent leur compte, mais ce 'mariage' permet de faire découvrir notre hobby à une population qui n'en soupçonnait pas la richesse.
D'ailleurs, le salon attire beaucoup de non-modélistes. Et pour eux, la vitrine de l'aéromodélisme est pleine de mousse: Depron, Elapor, Styro,... l'ère du modèle réduit jetable est venue!
Il y a une quinzaine d'années, les 'vrais' modélistes ont vu avec
inquiétude les fabriquants d'avions se tourner vers un nouveau type de
modèles. 'Fast fertig', 'ARF', puis 'RTF' ont envahi le marché au grand dam des puristes qui prédisaient le glas de notre hobby. Si cette évolution a bien eu lieu, ses conséquences ne sont pas aussi désastreuses qu'on voulait bien le dire. Il existe toujours des kits à monter et tous les modèles ARF ne sont pas des Mustangs aux formes approximatives. On trouve aujourd'hui des semi-maquettes originales et bien construites à la portée de tous les salaires... et du plus maladroit des bricoleurs. Par contre, malheur à celui qui veut construire son avion de A à Z. Rien que l'entoilage et le bois lui coûteront le prix d'un ARF complet...

C'est la Watt...
Il y a cinq ans, d'autres ont annoncé la mort du thermique au profit de
l'électrique. Il faut dire que les accus NiMh et les moteurs
'brushless' flirtaient avec les performances des Super-Tigre et autres OS. Que dire des 'LiPo' qui permettent aujourd'hui de faire voler n'importe quoi sans bruit, sans contraintes et sans se salir les mains. Mieux encore,
de nouveaux modèles et de nouvelles disciplines ont vu le jour: indoor,
racers, motoplaneurs, micro-hélicos,... autant d'engins impensables il y a quelques années. On ne peut pas dire que l'aéromodélisme y ait perdu au change.
D'autant que les 2 et 4 temps font encore recette chez les amoureux de
belle mécanique ou du bruit envoûtant d'un Saito au ralenti. Et puis
l'électrique n'est pas encore à même de rivaliser avec les chevaux d'un
80cc ou la poussée diabolique d'un turboréacteur. Sans parler du
réalisme.
Ready To Crash
Aujourd'hui en parcourant les allées de Modelma, un nouveau constat
s'impose. Les rayons des commerçants affichent une majorité de machines
d'un type nouveau. Il ne s'agit pas ici des joyaux en carbone de ZN-Line
ou des RTF bois/fibre/Oracover de Protech, mais bien d'une multitude
d'engins en matière synthétique. Du Chicken au Nemesis en passant par le
Lama, on trouve de tout et n'importe quoi dans toutes les couleurs. Du
pain béni pour les débutants pour qui coller directement un moteur à la
cyano n'est pas plus scandaleux que de fixer les ailes au papier
collant... Tous ces modèles sont bons marchés, virtuellement indestructibles
et pourtant consommables en moins d'une saison. La frontière entre le
jouet volant et l'aéromodélisme est définitivement effacée, pour le plus
grand profit des entrepreneurs chinois.
Les puristes ponceurs de balsa et sniffeurs de colle blanche se
retournent définitivement dans leur tombe quand un gamin approche de la zone de démo. Il tient à la main un machin fait de trois plaques de Depron
imprimé. Le truc part à la verticale, virevolte vers le haut, la tranche
et même en marche arrière, heurte exprès le sol et repart de plus
belle... Le modélisme n'est plus ce qu'il était. Quoi que... le même gamin
pilote aussi de main de maître l'énorme biplan jaune présenté sur le
stand AAM. Un bon gros modèle qui sent l'époxy, le contreplaqué roulé et
l'huile synthétique, 'comme dans le temps'!
Gageons que ses petits camarades qui quittent le salon avec un grand
sourire et un 'foamie' sous le bras trouveront eux aussi la voie du
'vrai' modélisme, celui des merveilles volantes devant lesquelles les
artistes du salon d'à côté s'extasient...

Laurent Schmitz